4.1 Géomembranes synthétiques
Les géosynthétiques constituent  premier composant d’un D.E.G. (Dispositif d'Étanchéité par Géomembrane), et sa fonction principale est d’assurer une protection mécanique évitant le poinçonnement ou la déchire de la géomembrane d’étanchéité. Placés contre le support, leur rôle est d’absorber les défauts de rugosité de celui-ci, et notamment d’assurer une protection fiable et pérenne contre le poinçonnement statique provoqué par ces défauts.
Cet écran de protection peut être également appelé « protection extrados» pour les ouvrages construits avec emprises, peut être constitué :
  • soit d’un géotextile
  • soit d’un géocomposite
Suivant les conditions particulières de l'ouvrage et du chantier, ces couches de protection intérieure ou extérieure peuvent être amenées à jouer d'autres rôles de drainage (provisoire ou définitif), de désolidarisation...,etc. Des ces rôles dépendent les autres stipulations qui peuvent lui être imposées dans le C.C.T.P. Ils conditionnent alors la composition des couches de protection.
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Application d'un géomembrane synthétique "protection extrados"
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Application d'un Dispositif d'Étanchéité par Géomembrane
4.1.1 Géotextiles
Les géotextiles sont fabriqué à base de polymères (essentiellement fibres de polyester et/ou de polypropylène).  Ce sont des matériaux perméables et  constitué exclusivement de fibres de synthèse d’une masse surfacique minimale de 700 g/m2 pour les tranchées courtes, et de 600 g/m2 pour les tunnels.
Des nombreuses études ayant mis en évidence un risque non négligeable d’hydrolyse de fibres polyester en milieu alcalin, celles-ci seront exclues pour une application en ouvrages souterrains où les supports sont généralement en béton et remplacées par des fibres de polypropylène ou similaire.
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Géotextile
Généralement est propose d’associer une fonction drainage à celle de la résistance mécanique initialement dévolue aux écrans de protection contre le poinçonnement statique. Cette fonction permettra de capter et de drainer de faibles écoulements d’eau, tout en évitant en phase chantier le passage d’eau à travers le géotextile susceptible d’altérer la bonne réalisation de la thermosoudure des lès de géomembrane d’étanchéité synthétique. En fonction des débits d’infiltration, le géotextile pourra être localement remplacé par un géocomposite de protection et de drainage.
Fonction et emploi
Les géotextiles peuvent avoir des utilisations diverses et variées : la séparation, la filtration, le drainage, la protection, l’étanchéité ou le renforcement. Dans de nombreux cas, on a recours à une combinaison de ces fonctions. Il semble donc nécessaire de connaître les caractéristiques techniques de ces différentes fonctions que peuvent avoir les géosynthétiques pour pouvoir choisir le plus adapté à chaque situation et à chaque projet.
Fonction de filtration
La fonction filtration d’un géotextile réside dans sa capacité à laisser passer l’eau tout en retenant les particules de sols pour éviter une contamination des matériaux voisins. Il s’agit ici de maintenir les particules de sol soumises à des forces hydrodynamiques tout en assurant l'écoulement du fluide.
Ce sont la largeur des pores et la perméabilité du géotextile qui caractérisent cette fonction de filtration. Il ne faut pas que ces pores soient trop gros, car ils laisseraient alors passer les grosses particules et cela entraînerait une érosion du sol. Par ailleurs, il ne faut pas qu’ils soient trop petits car les petites particules ne pourraient dans ce cas plus traverser et cela engendrerait la formation d’une barrière très peu perméable au- dessus du géotextile, empêchant les fluides de le traverser. On doit donc avoir un géotextile avec différentes tailles de pores coïncidant avec la distribution des tailles des particules. La compressibilité du géosynthétique utilisé influence aussi la perméabilité.
Cette solution de filtration permet aussi de faire une économie sur les matériaux granulaires et son installation est relativement simple. On l’emploie régulièrement en remplacement des granulats filtrants dans des projets de barrages ou de protection de berges côtières ou de rivières mais aussi dans les travaux de terrassement ou les ouvrages de stockage.
Fonction de drainage
La fonction de drainage a pour but de faciliter l’évacuation rapide des eaux pluviales et souterraines et des autres fluides dans une structure. En introduisant un  géotextile, on permet l’écoulement de l’eau dans son plan. C’est la porosité des géotextiles qui permet d’avoir un bon drainage.
Un type de géosynthétique particulier est utilisé pour le drainage : les géodrains. Ils sont spécialement conçus pour améliorer la capacité de drainage des sols. Ces produits géosynthétiques forment une alternative avantageuse aux tranchées drainantes traditionnelles avec notamment une réduction des volumes d’excavation et une installation facilitée.
L’utilisation des géosynthétiques permet d’avoir un plan de drainage continu, même en cas de déformation du massif, et d’assurer une capacité drainante à long terme. On économise par ailleurs un volume important de matériaux drainants granulaires difficiles à mettre en oeuvre. Ils sont fréquemment utilisés pour le drainage de fondations, des ouvrages routiers et des murs de soutènement.
Fonction de protection
La protection a pour but de limiter ou empêcher des désordres localisés dans des ouvrages de géotechnique à l’aide d’un géotextile. On place pour cela le géotextile entre une géomembrane et le sol (ou la couche de protection) pour qu’il absorbe les contraintes localisées et protège la géomembrane d’éventuelles perforations. Sa résistance au poinçonnement et son uniformité (répartition des charges) en font la solution idéale pour ce genre de pathologie. On l’emploie pour protéger les systèmes d’étanchéité dans les projets de bassin de rétention, de réservoir ou de centre de stockage des déchets.
Fonction d’imperméabilisation
Dans le domaine du génie civil, l’imperméabilisation consiste à installer des géosynthétiques pour empêcher les écoulements d'eau et de produits polluants vers le sol naturel. On utilise généralement cette fonction des géosynthétiques pour les fossés ou les bassins contigus aux routes. Ce procédé vient en remplacement d’une couche d’argile d’épaisseur variable. Le gain en matériaux utilisés et la facilité d’installation du système le rendent très approprié à de nombreux chantiers (bassins de rétention, réservoirs…)
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Exemple de complexe géotextile
Il y a aussi des autres fonctions comme:
La séparation
La séparation a pour principale fonction d’empêcher le mélange de deux couches adjacentes de matériaux granulaires différents sous l’effet de sollicitations mécaniques comme le trafic. Lal’augment fonction séparation des géosynthétiques sert àéviter la contamination des sols c'est-à-dire le mélange de deux sols adjacents de nature différente. Dans une structure de chaussée, ce phénomène de contamination est à l’origine de la diminution de sa capacité de transmission hydraulique, de sa résistance à supporter les charges sans déformation, et de ation de sa susceptibilité au gel (présence de fines particules et d’eau en suspension).
L’utilisation d’un géotextile placé entre deux matériaux hétérogènes empêche la perte d’agrégats par pénétration dans le sol mou et prévient la remontée des particules fines dans la fondation granulaire (pas de réduction de la capacité portante). Les deux matériaux conservent donc leur intégrité et leur homogénéité. L’introduction de géosynthétiques confère plusieurs autres avantages :
  • Possibilité d'utiliser les matériaux disponibles sur place
  • Diminution des volumes d’excavation
  • Réduction de l'épaisseur de la couche d'apport et préservation de ses caractéristiques
  • Mise en œuvre simple et rapide
  • Capacité drainante des sols maintenue.
Le renforcement
On utilise ici les propriétés extensibles d'un géosynthétique pour résister aux tensions ou contenir des déformations dans les structures géotechniques.
Le premier mécanisme de stabilisation d’un sol par un géotextile est lié à l’effet membrane. Ce phénomène traduit en fait le comportement du géotextile posé sur un sol déformable et soumis à un chargement vertical. Les produits géosynthétiques vont répartir les charges sur une plus grande surface et ainsi augmenter la résistance au cisaillement des sols adjacents et réduire le risque de formation d’ornières.
Le second mécanisme de stabilisation du sol à l’aide de géosynthétiques est le confinement du sol assuré par le géotextile, dont on a déjà parlé dans la partie sur la fonction de séparation. Il augmente le degré de compaction du sol, conserve son uniformité et augmente ainsi sa capacité portante.
Enfin, le géotextile fait aussi office de renforcement quand aux déformations locales, comme on a pu le voir dans le chapitre sur la fonction de protection. Il va, dans le cas de dégradations par poinçonnement, répartir l’effort local et ainsi réduire localement la pression sur le sol.
4.1.1.1 Propriétés mécaniques
Les fils utilisés pour la fabrication des géotextiles servant au renforcement des remblais sont caractérisés par leur module de résistance à la traction élevé. Les technologies de production utilisées (tissage en particulier) permettent la transmission de la totalité des caractéristiques mécaniques du fil au géotextile.
La disposition des fils à l’intérieur de la nappe confère aux géotextiles de renforcement un très haut module de traction et une mise en tension immédiate. En effet, il n’y a pas d’ondulation ou d’embuvage des fils et de ce fait cisaillement et contraintes internes n’apparaissent pas. Les propriétés des fils sont donc entièrement restituées par le géotextile. Ce procédé de fabrication facilite aussi la mise en œuvre sur le terrain des nappes de géotextiles et leur mise en tension.
Le procédé de fabrication des nappes de géotextiles permet l’insertion de fils avec des propriétés différentes. On pourra donc combiner plusieurs types de fils (kevlar/polyester par exemple) dans un même géotextile pour avoir des performances différentes (courbes contrainte/déformation diverses).
Une caractéristique importante des géotextiles de renforcement est son coefficient de friction. Cette grandeur définit l’interaction entre le sol et le géotextile. Une valeur élevée de l’angle de frottement interne est nécessaire à un bon ancrage du géotextile et lui permet d’être utilisé au maximum de ses possibilités et d’assurer ainsi un bon renforcement de la structure.
La résistance à la déchirure et au poinçonnement est assurée de par la structure en maille des fils du géotextile. Cela apporte une certaine cohésion d’ensemble à la nappe de géotextile et renforce sa propriété de résistance à la déchirure et au poinçonnement. La mise en œuvre et les caractéristiques à long terme de la structure sont aussi améliorées par ce type de procédé de fabrication.
Enfin, la forme de maille ou de grille des géotextiles peut permettre une rapide revégétalisation du site.
4.1.1.2 Propriétés chimiques
L’environnement dans lequel est placé le géotextile peut être « agressif » et engendrer des dégradations chimiques sur le géosynthétique. Ce risque dépend des propriétés chimiques du polymère dont est constitué le géotextile. En effet, certains polymères vont être plus sensible à un environnement que d’autres. Les polymères synthétiques seront par exemple relativement stables sous la plupart des environnements. Cette stabilité des géotextiles face à leur environnement est nécessaire pour conserver les propriétés mécaniques intactes et ainsi assurer leur fonction de renforcement.
On peut mettre en avant plusieurs facteurs environnementaux pouvant influer sur un géotextile :
  • La température
  • Les fluides présents dans le sol
  • Les gaz et les vapeurs (oxygène, eau…)
  • Les autres substances chimiques présentes dans le sol
  • L’acidité et l’alcalinité du sol
  • Les radiations électromagnétiques (rayons ultraviolets en particulier)
Le polyester a naturellement une grande résistance à l’oxydation et aux variations de température. Un grand nombre d’attaques chimiques n’ont pas d’effet nuisible sur les polyesters. Cependant, un ajout de stabilisants est parfois nécessaire pour augmenter sa résistance à l’oxydation dans des milieux fortement oxydants. Les polyesters sont aussi très sensibles aux conditions de forte acidité ou de forte alcalinité. Dans les milieux basiques, le polyester garde une excellente résistance jusqu’à un pH de 13.
Le polypropylène est très résistant aux différents environnements chimiques mais reste très sensible à l’oxydation à température élevée.
4.1.2 Géocomposites
Géocomposite de protection mécanique : Association d’un géotextile non tissé et d’une feuille synthétique de faible épaisseur ; généralement en PVC.P ou en polyéthylène. La face constituée du géotextile est  appliquée contre le support.
Comme généralement est propose d’associer une fonction drainage à celle de la résistance mécanique initialement dévolue aux écrans de protection contre le poinçonnement statique. En fonction des débits d’infiltration, le géocomposite de protection mécanique pourra être remplacé par un géocomposite de protection mécanique et de drainage.
La fonction drainante du géocomposite de protection mécanique et de drainage prendra encore plus d’importance en phase définitive, c’est à dire pendant toute la durée d’exploitation de l’ouvrage, car elle devra faciliter l’écoulement de l’eau provenant du terrain jusqu’au dispositif de drainage installé généralement en pied de piédroit ou de voûte.
A noter l’existence sur le marché de géocomposite de protection associant les fonctions suivantes :
– filtration avec une couche de géotextile,
– drainage avec une couche épaisse de géogrille
– étanchéité avec une mince couche synthétique (PVC.P)
Ces géocomposites de protection peuvent être utilement préconisés en cas d’eau d’infiltration fortement «incrustante» ou très chargée en fines particules du terrain.
A noter que cette caractéristique hydraulique n’est pas revendiquée par les écrans de protection, où le D.E.G. n’assure pas un drainage définitif (par exemple en tranchées couvertes).
Il est recommandé pour des débits d’eau habituellement rencontrés dans les ouvrages souterrains, les caractéristiques hydrauliques des géocomposite de protection mécanique et de drainage suivantes:
- débit minimal : 15 l/m/h
- transmissivité minimale : 4,6 x 10-6 m2/s.
On utilisera aussi des matériaux de synthèse qui assurent essentiellement une fonction de drainage
Géocomposite de drainage : Association d’un géoespaceur avec un ou plusieurs géotextiles ayant une fonction filtration. Ces géocomposites de drainage sont généralement utilisés en drainage définitif des piédroits de tranchées couvertes réalisés sans emprises (sans soutènement).
Un géoespaceur est une structure poly constituée de feuilles thermo formées, ou monofilament ou de toute autre structure ayant pour fonction de créer un fort indice vide facilitant l’écoulement de l’eau, soit en phase provisoire, soit en phase définitive
Ces matériaux de drainage peuvent être utilisés pour assurer les fonctions suivantes :
  • Captage provisoire d’arrivée d’eau en tunnels et tranchées couvertes et dans ce cas, ils sont systématiquement associés à un D.E.G.
  • Captage et drainage définitif d’un ouvrage souterrain, et dans ce cas, le matériau de drainage est généralement utilisé seul sans D.E.G. (à l’exception de quelques cas ou il peut par exemple être associé à un D.E.G. posé uniquement en voûte ou en dalle supérieure). Le dispositif de drainage assure dans cette configuration l’étanchéité générale de l’ouvrage en favorisant le captage et l’écoulement des eaux d’infiltration autour de celui-ci, permettant d’éviter ainsi sa mise en charge hydrostatique
Ces matériaux de drainage peuvent être mis en œuvre de la façon suivante :
  • Drainage ponctuel : Captage et drainage d’arrivées d’eau présentant localement des débits supérieurs à 0,5 l/mn. Ce drainage peut se présenter soit sous forme de cerce, lorsqu’il est mis en œuvre par bandes verticales de largeur variable, soit sous forme de lisse lorsqu’il est mis en œuvre par nappes (de l,50 m à 2,00 m de hauteur) horizontales. Le drainage ponctuel peut être utilisé dans les cas de drainage provisoire et définitif.
  • Drainage de surface : Comme pour le captage ponctuel deux cas peuvent se présenter :   
- Captage de surface provisoire : utilisé en association avec un D.E.G. pour drainer soit des zones de voûtes présentant des surfaces d’arrivées d’eau diffuses très importantes, soit des arrivées d’eau en radier.
- Captage et drainage de surface définitif : ce dispositif de drainage, qui contribue à la fonction étanchéité est principalement utilisé pour des ouvrages réalisés en tranchée couverte, avec ou sans emprises, mais toujours hors pression hydrostatique. Généralement, ce sont les piédroits qui sont équipés de ce type de drainage, parfois les radiers mais ce type de drainage reste encore relativement peu utilisé en France.  
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Géocomposite de protection et drainage
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Géocomposite de protection et drainage